samedi 26 mai 2012

DU COTE DES PARTIS POLITIQUES ----- N°1 ----- Premier(s) bilan(s) des candidatures.

=== Après la fin du dépôt des candidatures pour les élections législatives le vendredi  18 mai, le ministère de l’intérieur a annoncé le lundi 21 mai 6 611 candidats retenus pour les 577 circonscriptions (soit une moyenne de 11,45 candidats par circonscription).

L’Assemblée Nationale publie une carte interactive afin de trouver l’ensemble des candidats par circonscription. Attention à ne pas être troublé par les étiquettes qui sont celles du ministères de l’intérieur et qui ne font pas dans la nuance (l’étiquette « Extrême Gauche » rassemble le NPA, LO, le POI… ; « Ecologiste » rassemble souvent le Mouvement Ecologiste Indépendant, les « Divers droite » et « divers gauche » dissimule souvent des dissidences de candidats PS ou UMP qui n’acceptent pas les accords nationaux).


* On le sait, les résultats des élections législatives participent au financement des partis politiques en France. La règle est simple : la loi du 11 mars 1988 indique que les partis politiques toucheront des subventions publiques si au moins 50 de leurs candidats ont obtenus au moins 1% des voix. La subvention est calculée à partir de 1,63 euros par voix obtenue.

Numérama a pris l’exemple du Parti Pirate pour montrer l’importance de la chose.
Présentant 102 candidats (essentiellement en Alsace, Aquitaine, Ile-de-France, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes), le parti espère obtenir un financement conséquent que Numérama estime à 74 000 euros par an soit 370 000 euros pour cinq ans sur la base de l’obtention de 45 000 voix et d’une moyenne de 1% des suffrages exprimés dans les 102 circonscriptions.

Pas mal pour un Parti des Pirates qui compte 550 adhérents et dont les mots d’ordres (Lutte contre le fichage abusif, indépendance de la justice, transparence de la vie politique, ouverture des données publiques, gros volet sur contre Hadopi et les libertés individuelles) ne rencontrent pas encore – malgré l’aide de certains médias tels Libération – d’écho en France contrairement en Allemagne.


Autre exemple, la constitution de parti politique folklorique. Jean-Louis Soulié a créé le Mouvement Anti-Radar (MAR) qui présente 80 candidats au slogan ravageur « Mort au radar, vive la clope au bar ! »

Le MAR espère bien obtenir les subventions publiques ce qui n’est pas impossible. Eternel candidat soit-disant apolitique à Narbonne (il se définit comme un « anarchiste de droite » mais seulement droite puisqu’il a fait alliance avec le RPR puis l’UMP à des municipales), Souilié affirme son statut de « lobby » avec ses propositions : suppression des radars, du permis à point, relèvement des vitesse limite, essence à 1 euro le littre, levée de l’interdiction de fumer dans les lieux publics !


Bref, cela explique pourquoi l’ensemble des partis tentent d’être présents dans le maximum de circonscription d’où la pratique du parachutage (très importante pour Lutte Ouvrière) où l’appel à des candidats locaux non membre du parti et éloigné du militantisme (très important pour le Modem et son nouveau sigle de campagne « Le Centre Pour la France »)


* Un rapide tour d’horizon permet de dégager le nombre de candidats par partis :


- LO présente 544 candidats et 8 candidatures communes avec Combat Ouvrier dans les Antilles (un secteur ou Nathalie Arthaud a obtenu ses meilleurs résultats : 0,92% en Martinique et 0,99% en Guadeloupe).

Sur son site Internet, LO est le seul parti a indiquer le nom et laphotographie de son candidat par circonscription .


- Le NPA en pleine crise interne aligne tout de même 339 candidats (168 hommes, 171 femmes et 40 pour le courant minoritaire Gauche anticapitaliste) et 25 « unitaires » avec d’autres partis de gauche (Alternatifs, Mouvement des objecteurs de croissance et même le Front de Gauche en Bretagne et dans le Limousin)..

Hypocrite, Christian Poupin porte-parole du parti indique qu’ « au NPA, on ne se bouscule pas pour être candidat sur le devant de la scène » ce qui expliquerait la non présence sur les 577 circonscriptions.

A noter que Philippe Poutou (1,15% des voix au premier tour des présidentielles) est candidat dans la cinquième circonscription de Gironde.


- le Front De Gauche présentera des candidats dans la quasi-totalité descirconscriptions (excepté dans quelques COM-ROM). N’étant pas parvenu à obtenir un accord avec les autres partis de gauche dans les circonscriptions où la gauche peut être éliminée dès le premier tour, l’objectif du Front de Gauche est double.

En premier lieu, parvenir à porter le programme l’Humain d’abord et exister dans une campagne compliquée où les candidats de la majorité gouvernementale (PS/EELV) risque de ramasser les fruits. Ainsi peut s’expliquer (au-delà d’une stratégie d’une partie du PC dont Laurent et du PG de peser au sein du FDG pour que ce dernier continue à être 100% indépendant du gouvernement contre la ligne Le Hyaric et de quelques caciques du PCF) la candidature Mélenchon dans le faux fief de Marine Le Pen afin d’exister médiatiquement et donc d’être audible en axant son combat sur les mêmes thèmes que ceux de la présidentielles (smic à  1700 euros, VIe République, planification écologique, pour l’emploi et contre la finance, défense des services publics, contre l’Europe libérale, contre l’extrême droite)

En second lieu, sauver son groupe parlementaire (à l’heure actuelle 21 députés) voir même l’augmenter (certains table sur 30 députés).
Reste qu’un certain nombre de députés sortants sont en difficulté comme Jean-Pierre Brard (qui affronte Razzy Hammadi soutenu par le PS et EELV) ou François Asensi (qui affronte l’ex PCF devenu Verts, Stéphane Gatignon soutenu par le PS et EELV) en Seine-Saint-Denis ;  Michèle Picard qui succède à André Guérin dans le Rhône (une circonscription redécoupée et très favorable au PS) et Martine Billard dans la cinquième circonscription de Paris également redécoupé et plutôt favorable au PS (qui présente un symbole de la « diversité », Seybah Dagoma).
Reste donc des espoirs placés sur la reconquête face aux sociaux-démocrates : Mélenchon (Pas-de-Calais), Jean-Marc Coppola (Bouches-du-Rhône), Patrick Le Hyaric (Seine-Saint-enis), deux-trois autres députés en Ile-de-France (gagner face au PS au premier tour, battre le député UMP sortant au second) et quelques-uns dans le Limousin et le Nord contre des députés PS sortant.


- EELV a investi 471 candidats (236 femmes, 235 hommes) et compte beaucoup sur les 63 circonscriptions où le parti obtient le soutien du PS donc de l’étiquette « majorité présidentielle » grâce à un accord électoral pour constituer un groupe à l’Assemblée Nationale (minimum à atteindre : 15 députés ; ils n’y a que 4 députés sortants). Et ce malgré quelques dissidences socialistes.

Autre curiosité de EELV qui a passé un accord avec le Mouvement Ecologiste Indépendant (MEI) : EELV soutient 20 candidats MEI (dont Antoine Waechter dans le Haut-Rhin) ; MEI soutient 200 candidats EELV ; un candidat EELV et un candidat MEI s’affronte dans 15 circonscription.
Au total, MEI présente 80 candidats.

Enfin, il est a noter qu’après la campagne Joly EELV tente de recentrer son message sur les thèmes écologistes (Vers un futur soutenable : sortir du nucléaire et des énergies fossiles ; Vers un futur soutenable : la nature, l’eau et la forêt bau cœur de notre projet ; Vers une agriculture paysanne, pour manger tous et manger mieux contre la faim et la malbouffe ; Vivre tous en bonne santé) 

Avec  un slogan « Ensemble, construisons une nouvelle majorité ».


- Le PS présente donc des candidats partout excepté dans les circonscriptions réservées à ses alliées : EELV (63 circonscriptions), le PRG et le MRC

Reste que c’est davantage le choix du PS et donc de Martine Aubry sur l’investiture des candidats PS qui fait débat : proche de Hollande écarté, le député sortant René Dosière, apparenté PS, non investit dans sa circonscription de l’Aisne (député connu pour son excellent travail sur ses enquêtes sur le train de vie de l’Etat) afin de respecter le vote des militants locaux…

Rue89 propose la carte de France des socialistes dissidents qui touche une quarantaine de circonscriptions (soit un PS contre le candidat EElV, soit un PS contre le candidat investit par le PS). Instructif.


- Le MODEM qui se présente sous l’étiquette alambiquée de « Le Centre pour la France » présente 400 candidats. Parmi eux, 25% ne sont pas encartés au Mouvement Démocrate. Dans les 177 autres circonscriptions, le MODEM local soutiendra soit le Nouveau Centre (Morin), l’Alliance centriste (Arthuis), le Parti Radical (Borloo) ou le PRG (Baylet).

Le parti qui compte trois députés sortants est donc en mauvaise posture : Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques devrait être battu (même si l’UMP le soutien), ce qui pourrait être le cas de François Bayrou donné battu dans sa seconde circonscription des Pyrénées-Atlantiques un sondage (au premier tour, le candidat NPA obtiendrait 1%, celui d’EELV 3%, celui du Front de Gauche 8%, celle du FN 11%, l’UMP Saubatte 23%, Bayrou 24%, la candidate PS Chabanne 30% ; au second tour : Bayrou 28%, Saubatte 29%, Chabanne 44% ou Bayrou 45% et Chabanne 55%), Abdoulatifou Aly (Mayotte) est lui aussi dans une situation compliquée (Bayrou n’a obtenu que 5,39% au premier tour des présidentielle et Hollande près de 42%).

Le Modem fonde par contre des espoirs sur La Réunion où il incarne la droite : Nassimah Dindar, vice-présidente du conseil général et Thierry Robert pourrait s’imposer dans des triangulaires contre les sortants du Parti Communiste réunionnais.


- l’UMP présente des candidats presque partout à quelques exceptions (soutien de candidat Modem comme Jean Lassalle ou celui dans la circonscription où se présente Mélenchon et Le Pen), et bien sûr dans les accords passés avec le Nouveau Centre, le Parti Radical et l’Alliance Centriste.


- Debout La République de Nicolas Dupont-Aignan (1,79% au premier tour des présidentielles) a lancé environ 300 candidats (161 femmes, 139 hommes) et espère obtenir pour la première fois les subventions publiques.

Dupont-Aignan, député sortant dans la huitième circonscription de l’Essonne, devra – pour la première fois - faire face à une candidature UMP, ce qui n’est pas le cas de l’autre député sortant de DLR, Jean-François Vilain qui est soutenu par l’UMP dans la dix-huitième circonscription du Nord.


- le FN invente l’étiquette inutile de « Rassemblement Bleu Marine » sous laquelle partent au combat 571 candidats (dont 289 femmes).

On est très loin de l’objectif des 30% de candidats d’ouverture. Une ouverture qui se limite essentiellement aux 34 candidats du SIEL (Souveraineté, Indépendance, Libertés) de Paul-Marie Coûteaux, ancien proche de De Villiers et candidats dans la seconde circonscription de la Haute-Marne (où le FN avait obtenu 28,98% au premier tour des présidentielles). Outre la fausse ouverture (l’avocat Gilbert Collard dans le Gard, l’ex-chevènementiste Bertrand Dutheil dans l’Aisne, les ex-RPR passé à l’extrême droite depuis belles lurettes comme Valéry Le Douguet dans la Somme ou Jacques Peyrat dans les Alpes-Maritimes), la seule prise est Olivier Eyraud, exclu de l’UMP qui représente le FN dans l’Ain.

Le FN avance le chiffre de 150 à 200 triangulaires (fortement hypothétiques : les experts en envisage 80 à 120) et espère obtenir de 5 à 8 députés dont Gilbert Collard (dans le Gard), Marine Le Pen (dans le Pas-de-Calais), Florian Philippot (dans la Moselle), Marion Maréchal-Le Pen (dans le Vaucluse). Une hypothèse fortement improbable.


* On le sait, la loi de 2000 impose la parité aux élections législatives à plus ou moins quelques %. Si le parti ne s’y plie pas, une amende est allouée en fonction de l’écart.

Si de nombreux partis s’y plient, c’est parfois à contrecœur. Jean-Marie Le Pen y va franco et déclare à l’AFP : « Nous sommes empoisonnés par cette législation stupide de la parité. Bien souvent, nous sommes obligé de remplacer un bon candidat par une dame qui n’est pas d’excellente qualité ».

Pas de risque de se retrouver dans ce cas de figure chez l’UMP, seul parti a s’essuyer les pieds sur la loi : le parti ne présente que 30% de femmes… Copé fait semblant de pleurer face aux réalités locales de son parti !

Remarquez, l’UMP fait mieux qu’en 2007 où il ne présentait que 26% de femmes ce qui lui a valu 4 millions d’euros d’amende par an.

dimanche 20 mai 2012

BREVE(s) DE CAMPAGNE(s) ----- N°6 ---- Vendredi 18 au dimanche 20 mai 2012

* Fin des dépôts de candidatures pour les législatives : premier bilan.
Au total, 6 591 candidats pour 577 circonscriptions, soit 11,42 candidats par circonscription. Cela est en baisse par rapport à 2007 où l’on en comptait 7 600. Ce nombre de candidat est encore a confirmer car des radiations peuvent encore avoir lieu.
Côté parité, on ne compte que 2 641 femmes candidates soit 40,07% (contre 41,6% en 2007). Les grands partis ont donc encore une fois préféré payer des sanctions financières plutôt que de présenter un nombre identique d’homme et de femme (à plus ou moins 2%).
Côté record de candidats, c’est dans la Huitième circonscription de Paris avec 23 candidats.
La campagne officielle commence lundi 21 mai.


* Pas d’accord national entre FDG / PS-EELV
Il n’y a pas eu d’accord entre le PS et ses alliés d’un côté et le Front de Gauche de l’autre (essentiellement le PCF et le Parti de Gauche) en ce qui concerne les circonscriptions où il y avait un risque d’élimination de la gauche dès le premier tour et un duel FN-UMP au second. L’ultime  proposition du Front de Gauche portant sur 29 circonscriptions (11 pour le PS, 9 pour le FDG, 8 pour EELV, 1 pour le PRG) a été refusé et les propositions du PS jugée indigne par le Front de Gauche (le PS qui voulait céder la troisième circonscription du Jura où sa candidate devrait être invalidée suite à une pub dans un journal et la 11e circonscription du Rhône où le candidat PG doit faire face à trois dissidences socialistes).
Grosso modo, chacun accuse l’autre et la presse – dont Le Monde et surtout Libé qui invente des faits - fait ses choux gras sur les tensions entre le PCF (plus enclin à signer) et le PG (plus ferme et trop gourmand) au sein du Front de Gauche. Il faut plutôt y voir deux problèmes fondamentaux qui ont fait capoter les négociations : l’attitude « hégémonique » du PS (mot de Baylet, président du PRG… et pourtant allié du PS) qui n’a pas voulu négocier à la proportionnelle et la volonté du PS d’avoir la majorité à l’Assemblée Nationale. EELV était d’ailleurs prêt à céder 6 circonscriptions au FDG… Pour cela, après avoir fait cadeau de 63 circonscription à EELV avant les présidentielles (même si quelques dissidences demeurent), pas questions de faire de même avec le FDG… Ainsi, le PS lance des candidats dans toutes les circonscriptions où il y a un député sortant du FDG.


* Législatives, dissidences et règlements de comptes…
C’est souvent le cas lors de ces élections, en cas d’accord de famille (« la » gauche, « la » droite..) ou de parachutage…
Grosso modo, les parachutés UMP post-ère Sarkozy font face à des dissidences locales : Claude Guéant doit faire face à Philippe Solere (neuvième circonscription des Haute-Seine), Henri Guaino doit faire face à Olivier Delaporte (troisième circonscription des Yvelines)…
Grosso modo, quelques couacs dans l’accord entre le PS et les Verts dans les 63 circonscriptions réservées à ces derniers (Philippe Meirieu doit faire face à Philippe Brayard dans la circonscription du Rhône et Jérôme Bourlet de la Vallée contre Anne Mansouret dans la cinquième circonscription de l’Eure)… Quelques-uns dans les 32 circonscriptions réservées au PRG et les 9 réservées au proche du MRC de Chevènement…
Grosso modo, des règlements de compte (l’UMP présente un candidat contre Nicolas Dupont-Aignan dans la huitième circonscription de l’Essonne et contre François Bayrou à Pau) ou des dissensions locales (Royal contre Falorni à La Rochelle)…


* Aux législatives aussi, c’est la valse des sondages !
Après les tendances nationales publiées par les différents instituts de sondage entre les 6 et 10 mai – et qui ne veulent bien sûr rien dire du tout, voilà les premiers sondages livrés sur les circonscriptions où est braquée l’attention médiatique ! Au-delà des problèmes que posent les sondages (fiabilité, influence de l’opinion publique, etc.), se pose avec davantage d’acuité celle du panel…
Ainsi, 602 personnes représentent le panel de la Onzième Circonscription du Pas-de-Calais où Jean-Luc Mélenchon est allé défier Marine Le Pen dans son faux fief, la tendance du premier tour est ainsi livrée : Nathalie Hubert (LO) 0,5%, Maryse Tondelier (EELV) 2,5%, Urbaniak (Modem-UMP) 16%, Kemel (PS) 18%, Mélenchon (FDG) 29% et Le Pen 34%. Au second tour, en cas de duel, Mélenchon l’emporterait sur la candidate de l’extrême droite 55 à 45%. Idem pour Kemel (56%-44%) En cas de triangulaire, Mélenchon l’emporterait avec 44% contre Le Pen 36% et Urbaniak 20%.
Dans la neuvième circonscription des Haute-Seine où est parachuté Claude Guéant, c’est 605 personnes qui constituent l’échantillon. Au premier tour : Philippe Blanc (PP) 0%, Hélène Janisset (LO) 0%, Christian Bouchet (PRG) 0,5%, Hélène Feot (PFE) 0,5%, Isabelle Goitia (FDG) 2%, Julien Dufour (FN) 4%, Odile Joyeux (EELV) 5%, Dorothée Pineau (AC) 7%, Thierry Solere (dissident UMP) 15%, Martine Even (PS) 25%,  et Claude Guéant (UMP) 41%. Au second tour, Claude Guéant ne l’emporterait qu’avec 57% des suffrages (alors que le total des droites au premier tour est de 67,5%).

jeudi 17 mai 2012

BREVE(s) DE CAMPAGNE(s) ----- N°5 ---- Mercredi 16 et jeudi 17 mai 2012

* Accord Front de Gauche / PS-EELV pour les législatives ?

On l’indiquait : il y a eu quelques tensions entre le Parti de Gauche et la Parti Communiste, le premier répondant vertement au second de ne pas aller seul à la table des négociations avec les sociaux-démocrates. Bref, il semble que malgré les divergences d’analyse (le PCF estime à 50 circonscription la menace de l’élimination de la gauche dès le premier tour quand le PG en indique 114 ; rôle dans l’Assemblée Nationale du Front de Gauche ; tensions pour la présidence du groupe, Bocquet voyant d’un mauvais œil l’arrivée plus qu’incertaine de Mélenchon au parlement) et de rapport de force (le PCF possède 12 des 19 députés sortants et 77% des candidats FDG aux législatives), le Front de Gauche parle d’une seule voix.

Dans un communiqué du mercredi 16 mai, Pierre Laurent (PCF) et Martine Billard (PG) indiquent « Si chaque partenaire prend sa part d'effort, l'accord est désormais possible à toute heure. Pour y parvenir, le Front de gauche, qui a formulé des propositions concernant 29 circonscriptions, a décidé hier un ultime effort qui fait que l'équilibre de cette répartition fait désormais consensus » Grosso modo, le FDG réclame 6 des 29 circonscriptions dont une gagnable, la troisième circonscription du Val-de-Marne du député sortant UMP Didier Gonzales où se présente Joseph Rossignol, proche de Mélenchon (au premier tour des présidentielles, Hollande y avait fait 32,55% et Mélenchon 14,13%). Sur les six circonscriptions, trois devraient être abandonnées par EELV : Guingamp, Bergerac et la circonscription des Pyrénées-Orientales où se présente Louis Aliot (FN)…

Le PS quant à lui doit se défaire de l’épine EELV : dans les 63 circonscriptions réservé au parti de Duflot, on ne compte plus les dissidences socialistes (dont la plus célèbre est celle de Thierry Braillard contre Philippe Meirieu, soutenu à corps et à cris par le sénateur-Maire de Lyon, Gérard Collomb)… même si le cas à Paris est réglé. Le problème du PS est double : des caciques PS ingérables localement et surtout la volonté d’Aubry d’avoir une majorité PS à l’Assemblée Nationale (289 députés sur 577).


* Enoncé par Jean-Marc Ayrault au JT de France 2 mercredi 16 mai, la règle du « ministre battu aux législatives = ministres qui démissionne du gouvernement a déjà des conséquences ».

Nommée ministres aux droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem renonce à porter son combat dans la quatrième circonscription de Lyon. Il est vrai qu’il s’agit d’un bastion de la droite - même si Sarkozy n’y a réalisé que 53,88% au second tour des présidentielles (mais 36,85% au premier, Bayrou 11,21%, le Pen 9,47%, Dupont-Aignant 1,34%) – et que la défaite paraissait inévitable face à Dominique Nachury (UMP) qui prend la relève du député sortant, Dominique Perben. C’est donc sa suppléante, Anne Brugnera quiassumera le combat !

Au total, vingt-six membres du gouvernement se présentaient  aux législatives. Montebourg, député sortant, à fait le même choix que Vallaud-Belkacem. Pour les autres, certains risquent de ne pas être élu même si tous se présentent dans des circonscription où Hollande a fait plus de 50% des voix : Stéphane Le Foll dans la Sarthe qui doit faire face au suppléant de Fillon et député sortant Marc Joulaud ou Marie-Arlette Carlotti qui combat le député sortant Renaud Muselier dans les Bouches-du-Rhône.


* Côté UMP, on tente outre d’être uni en façade d’avoir une communication commune.

Un tract tiré à 8 millions d’exemplaires où on voit et note : une marée de drapeaux Bleu Blanc Rouge, le slogan en gros « Ensemble, choisissons la France » et des mots d’ordres, « Contre l’assistanat », « Contre le matraquage fiscal des classes moyennes », « Contre le laxisme au frontière de l’Europe, réduisons l’immigration pour réussir l’intégration ». No comment.

Sauf que Xavier Bertrand ne veut pas mener une campagne « agressive »… Il y a du boulot ! Car Copé lui se pose en « chef de guerre » !


* Côté UMP et le tropisme des thèses de l’extrême droite et des sirènes du FN, on a notre premier faux lapin qui rejoint le trompe nez de « Rassemblement Bleu Marine » (la com’ quand tu nous tiens !)

Olivier Eyraud, conseiller général de l’UMP du canton de Reyrieux (département de l’Ain), annonce sa candidature sous la bannière RBM dans la deuxième circonscription de l’Ain.

Le bonhomme parle de « courage politique » ce qui n’est pas faux : au moins voilà un premier gus de l’UMP qui constate qu’il n’est plus républicain mais d’extrême droite. Pour rappel, Eyraud avait déclaré – entre autres propos xénophobes – en octobre 2010 : « Aujourd’hui, si vous êtes blanc, catholique, que vous avez un travail, que vous payez vos impôts, que vous respectez les règles et autrui, vous êtes redevable de tout et n’avez droit à rien. Nous vivons dans une société où nous ne retrouvons plus les valeurs qui ont fondé notre République, si bien que certains d’entre nous se sentent proprement “étrangers” chez eux. Nous ne demandons qu’à retrouver notre place dans la société. » (VOIR : )

De son côté, Copé affirme qu’il n’est plus à l’UMP. Pour l’heure, l’exclusion d’Eyraud n’a toujours pas été prononcée (il a été exclu du groupe UMP du conseil général de l'Ain à l'heure actuelle)

Suppléant depuis plus de quinze ans du député sortant Michel Voisin (UMP) dans la quatrième circonscription de l’Ain, Eyraud compte donc sur la seconde où il fera face au député UMP sortant Charles de La Verpillière. Au premier tour des présidentielles, Marine Le Pen avait réalisé 21,59% des voix dans cette circonscription, derrière Sarkozy 30,87% et Hollande 22,30%.

mercredi 16 mai 2012

BREVES DE CAMPAGNE(s) ----- N°4 ---- Dimanche 13, lundi 14 et mardi 15 mai

=== Fakir, « Journal fâché avec tout le monde ou presque », bimensuel d’Amiens à parution nationale de François Ruffin, publie les votes des députés de la législature 2007-2012. Instructif notamment pour classer les sociaux-démocrates sur leurs votes (abstention, pour, contre sur le Traité de Lisbonne, sur le MSE, etc.)

* Onzième circonscription du Pas-de-Calais (suite)
Alors que Mélenchon s’est expliqué sur son choix et celui du Front de Gauche de porter la bataille contre l’extrême-droite dans le faux-fief de Marine Le Pen tant dans La Voix du Nord que dans Libération  en passant par France Inter, Marine Le Pen a officialisé sa candidature lundi 14 mai qui, ingénieusement, fait de Kemel (PS) son « adversaire principal », en ignorant le Camarade Méluche… même si le premier tract du FN local de Briois est sur le « parachutage » du co-président du Parti de Gauche. Libération quant à lui narre la campagne de terrain de Mélenchon et démontre que des maires socialistes le soutiennent.
Le candidat du PS, Philippe Kemel affirme que la circonscription n’est pas un théâtre ni un lieu « des joutes Front contre Front ». C’est sûr que côté lutte contre l’extrême-droite, les socialistes ont des leçons à donner au Front de Gauche !

* Tractation entre le PS et les autres partis de gauches (suite et fin ?)
Côté EELV, les choses sont en bonne voie même si il y a encore des dissidences socialistes dans les 63 circonscriptions réservés (notamment à Lyon où le maire PS, Gérard Collomb, soutien un candidat PRG Thierry Braillard contre Philippe Meirieu, président farce d’EELV et ancien pédagogue énervant recyclant ses maigres vision de l’école dans un bouquin tous les six mois !). On a même assisté à une conférence de presse assez hallucinante entre les ennemis d’hier, la député sortante PS Danièle Hoffman-Rispal et Cécile Duflot parachuté EELV, la première étant suppléante et comptant sur l’entrée au gouvernement de la seconde pour retrouver le parlement !
Côté FDG, ça coince tant entre le PS et le FDG (sur les circonscriptions où il y a un danger d’élimination de la gauche dès le premier tour estimé à 114 pour le PG mais 50 pour le PCF et 40 pour le PS / dans les circonscriptions des députés sortants FDG) mais aussi entre les partis associés du FDG. En effet, le PCF fait cavalier seul pour négocier cequi énerve Martine Billard du Parti de Gauche (« Il n’y a pas d’accord si on y est pas »)

* Le Monde propose une carteinteractive des circonscriptions de Paris pour voir les duels PS-EELV / UMP. Intéressant pour voir quelques dissidences de droite (dans la 2e, 4e, 8e, 14e,). Par contre, Le Monde a l’air de se contrefoutre des autres candidats. Une habitude !


* Slogan du PS pour les législatives : « Donnons une majorité au changement ». On s’en fout, non !


* On apprends du Parisien que Nicolas Sarkozy a interdit à son fiston, Jean Sarkozy, de se présenter aux législatives, dans la circonscription de Neuilly, contre Jean-Christophe Fromentin (divers droite) qui veut succèder à la députée sortante ne se représentant pas, Joëlle ceccaldi-Raynaud. Amusant, non ?
A ce jour, l’UMP n’a investi personne dans cette circonscription…


* Marine Le Pen estime qu’« il y a des gens bien à l’UMP ». Sur un air de Didier Super, l’extrême droite continue de tenter de faire imploser plus vite que prévu l’UMP. La situation dans les Bouches-du-Rhône donne déjà le ton. Le Pen cite d’ailleurs la maire d’Aix-En-Provence, Maryse Joissains-Masini qui pense que les Rouges et les Staliniens ont pris le pouvoir le 6 mai ! Des gens bien qu'on vous dit...

dimanche 13 mai 2012

BREVE(s) DE CAMPAGNE(s) ----- N°3 ---- Jeudi 10, Vendredi 11, Samedi 12 mai.

=== C’est bientôt la dernière ligne droite en ce qui concerne la situation dans chaque circonscription car le dépôt des candidatures doit s’achever vendredi 18 mai. Dissidences, poids lourds en mal de circonscription, réglage par parti des candidatures, dernière ligne droite donc !

* Côté de Lutte Ouvrière (LO), Nathalie Arthaud, candidate dans la sixième circonscription de Seine-Saint-Denis (qui vit à Pantin et travaille à Aubervilliers) indique qu’il y aura un candidat de LO dans chaque circonscription, soit 577, non sur « le terrain électoraliste » mais « pour affirmer l’existence d’un courant communiste révolutionnaire dans le pays » qui défendra « un programme de lutte » en affirmant que cela passe par les luttes et non par les urnes
En 2007, Lutte Ouvrière avait présenté 563 candidats et obtenu 0,86% des voix.

* Mélenchon dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais suite et réactions
Jean-Vincent Placé, apparatchik de EELV juge « très important » que Mélenchon soit élu car « il faut une diversité à gauche ». lançant sont œillade inutile (« je souhaite même qu’il soit au gouvernement »), Placé s’inscrit dans l’offre du FDG sur les cinquante circonscription où il y a une menace que les gauches soient éliminées dès le premier tour : il évoque une circonscription dans les Bouches-du-Rhône où le candidat EELV devrait s’effacer au profit du candidat FDG.

* Côté proposition du FDG de candidature unique de la gauche contre le danger FN et plus globalement d’élimination de la gauche dès le premier tour, le Parti de gauche à listé 114 circonscriptions. Le PG réclame toujours une proportionnelle sur la base des présidentielles entre FDG, EELV et PS pour déterminer qui irait au combat et ce, sans accord programmatique et sans condition d’entrée au gouvernement (même demande du côté du PCF qui bataille notamment dans le Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis pour ses députés sortants).
Une demande qui n’a aucune chance d’aboutir, la donne ayant d’abord évolué avec la candidature de Mélenchon face à Le Pen. On se dirigerait en fait a un accord dans moins d’une dizaine de circonscription d’accord FDG, EELV et PS où il n’y aurait qu’un candidat de gauche face à un FN et un UMP fort en terme électoral.


* Bordel et boule de gomme chez les centristes, donc au centre-droit !
Du côté du minuscule PCD (Parti Chrétien-Démocrate) de Boutin, on indique qu’il y aura une centaine de candidat. Boutin qui affirme avoir soutenu Sarkozy « mais pas l’UMP », arrive à ce total en cumulant le CNIP, le MPF (de de Villiers quasiment à la retraite) et le PLD ! Bref, le PCD se veut « la droite de conviction »Arf !
Du côté du Nouveau Centre inféodé à l’UMP et possèdant 25 députés sortants, Hervé Morin a toujours l’illusion de sauver son groupe parlementaire : il voit 10 à 12 de ses sortants réélus et compte atteindre le seuil fixé pour faire un groupe avec les membres du Parti Radical valoisien (20 députés) aujourd’hui dans le groupe UMP. Feu vert de Copé paraît-il !
Côté donc du Parti Radical Valoisien de Borloo, l’équation est simple : présenter un maximum de candidat pour que cinquante d’entre eux obtiennent plus de 1% et donc, avoir le droit au financement public. Ah que le centre a des valeurs comme le tiroir-caisse ! Borloo lui, sera candidat à sa réélection dans la 21e circonscription du Nord où Hollande a obtenu 52,22% des voix au second tour de la présidentielle ! Et Borloo espère lui aussi créer un groupe centriste à l’assemblée… Ah !
Côté Modem, le slogan de la France est « Le centre pour la France » Vaste programme ! Plus prosaïquement, le Modem qui a trois députés sortants, avait établi une liste de 450 candidats aux législatives lors des présidentielles… Mais depuis l’appel de Bayrou à voter Hollande, 100 sont partis… Alors que seuls Bayrou semble être en mesure d’être réélu, les éditorialistes qui pérorent (Mazerolles and co) disent  à voix haute ce qu’espère Bayrou : face aux mesures du gouvernement PS contre les intérêts du peuple de gauche (et avec un groupe FDG votant contre au Parlement), la radicalisation de l’UMP et son éclatement, la faible envergure d’un Borloo ou d’un Morin, sa capacité vers 2014 de ramener à lui nombre de députés de centre-droit vers lui et de créer un groupe central d’une cinquantaine de députés votant pour les mesures du gouvernement et… y entrant après les débâcles électorales du PS aux régionales ou Européennes… Un beau rêveur ce Bayrou !
Le Monde rappelle une formule de Bayrou en mars 2011 : « Rassembler les centristes, c'est comme conduire une brouette pleine de grenouilles : elles sautent dans tous les sens »

* Côté UMP, Jean-François Copé est toujours aussi tête à claques ! Slogan « Ensemble choisissons la France ! » et un Copé qui surfe sur un discours de diviser les Français entre eux, de chercher à cliver. A peine choisis le slogan, Copé revient sur les drapeaux étrangers à la Bastille le soir de la victoire d’Hollande pour justifier son choix après avoir interprété cela à la Zemmour ! La conférence lançant les législatives a été un grand moment de guignolesque avec un Copé en grande forme voyant un « exploit » dans les 1,1 millions de voix séparant Sarkozy d’Hollande (vu les méchants médias et la démagogie de la gauche) et clamant que Hollande va devoir choisir entre « Berlin et la préservation de l’euro ou Athènes et la faillite ». La droite ou le sens de la nuance…
Sinon, à part investir le parachuté Guaino dans les Yvelines (une circonscription où Sarkozy a fait 63% des voix au second tour…) préféré a un élu implanté, Olivier Delaporte, maire de saint-Cloud depuis 1998… Un Delaporte qui maintient sa candidature… Une autre dissidence dans le camp de l’UMP, celle du maire de Chesnay, PhilippeBrillaul qui y va aussi !

* Du côté de Paris et de la droite, le ciel s’éclaircit-il ?
Dans la seconde circonscription ultra favorable aux droites (Sarkozy y a fait 42,11% des voix au premier tour de la présidentielle de 2012, Bayrou 10,8%, le Pen 5,21%, Dupont-Aignan 0,96%), Rachida Dati pourrait ne pas maintenir sa candidature dissidente contre François Fillon. Le Journal du Dimanche évoque un marchandage entre l’UMP et Dati en ce qui concerne les municipales de 2014, Dati demandant carrément à être tête de liste UMP pour Paris. Sur son compte Twitter, Dati indique hypocritement « On ne m’achète pas. Ma loyauté et mon engagement aux habitants du 7e et à tous les parisiens que je sers au quotidien » la bonne blague !
Dans la onzième circonscription, Marie-Claire Carrère-Gée abandonne sa dissidence contre Jean-Pierre Coq après pression. Elle affirme cependant crânement : « J'ai eu, et tous les militants avec moi, confiance jusqu'au bout dans la clairvoyance des instances de l'UMP et leur capacité à revenir sur une décision qu'au fond, personne n'approuve, parce que chacun sait bien qu'elle n'a pas été prise dans l'intérêt de la circonscription »


* Du côté de Paris, du PS et de EELV, le ciel s’éclaircit.
Dans la sixième circonscription ultra favorables aux gauches (Hollande y a fait 43,03% lors du premier tour de la présidentielle 2012, Mélenchon 16,63%, Joly 5,66%, Poutou 0,86% et Arthaud 0,32%), la député sortante PS, Danièle Hoffmann-Rispal, devient suppléante de l’énervante Cécile Duflot, cette dernière ayant sa circonscription grâce aux accords EELV et PS. A priori donc, pas de candidature dissidente PS contre la patronne d’EELV car avec l’entrée de Duflot au gouvernement, Hoffmann-Rispal resterait député.


* Du côté de Marseille, cela s’agite à l’UMP ! Gaudin est obligé de remettre de l’ordre dans ses troupes après les déclarations dans La Provence de certains zigotos de son camp !
Ainsi, la maire d’Aix-En-Provence, Maryse Joissains-Masini, remarquée pour avoir distribué un tract apocalyptique la veille du second tour puis est en train de tenter d’invalider l’élection de Hollande au motif qu’il aurait été soutenu par les médias, la CGT et que ses comptes de campagnes aurait crevé le plafond, affirme doctement « avoir toujours défendu les valeurs de Marine le Pen »… Mais qu’attends-t-elle pour rejoindre le FN ?
Le député Dominique Tian lui refuse d’ « être la droite la plus bête du Monde en bunkérisant le FN et la députée Valérie Boyer affirme « ne mépriser personne » et parler avec le FN « sans se boucher le nez » !
Néanmoins, le grand cheval de bataille de Gaudin est d’empêcher au « rose, rouge, verts » d’obtenir les 3/5 au parlement pour ne pas pouvoir donner le droit de vote aux étranger ! A part ça, Gaudin tente effectivement de montrer que l’UMP ne fera pas d’alliance avec le FN…
On se rappelle qu’en 1993, il y avait eu des désistements réciproques à Marseille entre le FN et le RPR…
Comme le dit Bernard Marandat, conseiller régional du FN : « Il y a une grosse différence entre les élus UMP parisiens et ceux qui, ici, s'aperçoivent que nous avons beaucoup de valeurs communes. Nous discutons souvent avec eux, nous sommes prêts à les arranger aux législatives, mais pas gratuitement. »

ZOOM SUR UNE CIRCONSCRIPTION ----- N°1 ----- Onzième circonscription du Pas-de-Calais

C’est donc maintenant officiel : la onzième circonscription du Pas-de-Calais sera sous les feux des projecteurs médiatiques durant la campagne législative. Pas seulement parce que la présidente du Front National, Marine Le Pen, tente de faire d’Hénin Beaumont son fief électoral mais parce que Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de Gauche et candidat du Front de Gauche aux présidentielles vient porter le combat

Hénin-Beaumont, une ville symbole.
Hénin-Beaumont. 25 000 habitants. Nord-Pas-deCalais. Ancien bassin minier, à quelques kilomètres de Courrières. Bastion de la SFIO dès l’entre-deux-guerres et fief d’Adolphe Charlon (1918-1940).
Aujourd’hui, Hénin-Beaumont est plutôt connue pour la désindustrialisation du Pas-de-Calais, le chômage et la misère sociale ainsi que les affaires liées à la municipalité socialiste de Gérard Dalongeville, maire de 2001 à 2009. Détournement de fonds publics, corruption, faux en écriture, favoritisme, Dalongeville il est démis de son mandat en 2009 et l’affaire est toujours devant les tribunaux. Bref, 4 millions d’euros données à des entreprises amis qui n’effectuaient jamais les travaux. Son livre, Rose mafia (2012) éclabousse de nombreuses personnalités du PS de la fédération du Pas-de-Calais.

Hénin-Beaumont, une ville laboratoire de la méthode de Marine Le Pen
Dans la perspective de sa conquête du Front National et de l’obtention de la présidence en 2011, Marine Le Pen marque la différence avec son père : le FN doit être un parti qui gouverne. Pour cela, rien de mieux que de posséder un fief.
Elle fait le choix d’Hénin-Beaumont en 2007, ce qui ne doit rien au hasard. Marine Le Pen sait que l’extrême droite n’est jamais aussi dangereuse que lorsqu’elle dénonce – outre ses thèmes habituels xénophobes, anti-immigrés et sécuritaire – la caste politique engluée dans les affaires et qu’elle fait du social (délocalisation, misère) son fonds de commerce.
Surtout, à Hénin-Beaumont, le FN possède des cadres et des militants, à l’image de Steeve Briois qui monte des réseaux depuis de quinze années. Dans son sillage, Laurent Brice et Bruno Bilde (aujourd’hui chef de cabinet de Marine Le Pen).
En 2007, alors que Le Pen père s’effondre aux présidentielle à 10% des voix, Marine Le Pen est la seule frontiste à être au second tour des législatives dans la quatorzième circonscription. Obtenant 24,5% des suffrages au premier tour (contre 4,3% en moyenne pour les candidats du FN en France), Marine Le Pen s’incline au second avec 41,65% contre le député PS sortant, Albert Facon (qui avait bénéficié d’un « Front Républicain » excepté le MPF de De Villiers)
Par la suite, profitant des affaires touchant la municipalité Dalongeville d’Hénin-Beaumont, Marine Le Pen s’implante dans la ville et   participe aux élections municipales : le FN obtient cinq conseillers municipaux lors des municipales de 2008 (28,83% au premier tour ; 28,63% au second). En 2009, le FN obtient 39,34% au premier tour de l’élection municipale partielle et s’incline au second face à un « Front Républicain » qui permet au divers gauche Daniel Duquenne (opposant historique du PS local de Dalongeville) de l’emporter avec 52,38% contre 47,62% pour le FN, soit 265 voix d’écart
Bien qu’ayant démissionné pour cumul des mandats en 2011, Marine Le Pen fait figure de favorite pour les législatives de 2012 notamment favorisé par le redécoupage de la circonscription.

Jean-Luc Mélenchon : une candidature symbolique pour un combat frontal avec l’extrême droite.
On a donc aujourd’hui la réponse : Jean-Luc Mélenchon voulait porter le fer lors de cette élection législative. Les médias avaient spéculé sur le choix de son atterrissage (Paris, Marseille, banlieue parisienne, Sud-est de la France) mais une chose était vrai, la volonté de Jean-Luc Mélenchon de poursuivre le combat entamer lors des présidentielles : porter le programme l’Humain d’abord (combat contre la finance, défense de l’emploi, des services publics, planification écologique, VIe République, combat pour une autre Europe), affronter argument contre argument l’extrême droite incarnée par le FN et Marine Le Pen ;
Dans la vision de Mélenchon, la crise que traverse la France, les choix des uns contre les autres, l’invite à penser qu’à terme, le combat se fera entre la gauche de la gauche (le Front de Gauche) et l’extrême droite (le FN) suite au sabordage de la droite républicaine par glissement et par radicalisation (ce qu’a démontré selon lui la campagne de Sarkozy en 2012).
Ce matin, lors d’une conférence de presse à 13h00, Hervé Poly (secrétaire fédéral du PCF et candidat jusque-là dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais) et Jean-Luc Mélenchon ont donc explicité le pourquoi du combat : le Front de Gauche veut donc affronter idéologiquement l’extrême droite et le FN et « éviter le hold-up électoral » de Marine Le Pen sur cette circonscription car « Nous ne sommes pas ici sur les terres de Mme Le Pen, ce n'est pas son fief électoral, ici c'est la gauche, le drapeau rouge, la résistance, c'est toutes ces choses-là d'abord ! »
« Je pense que nous mesurons tous le caractère extraordinaire de ce que nous allons entreprendre ensemble. En ayant reçu tant de gestes de fraternité, j'ai bien compris que vous m'accueillez pour la bataille qui s'annonce. Mais une bataille menée avec la raison, les arguments ; il n'y aura pas de bataille de chien.
[…] Nous sommes pour l'instant la deuxième force de gauche. Mais pour ce qui est de la clarté des perspectives et de la force des idées, nous sommes la première.
Ce pays a été martyrisé par le libéralisme, il n'y a pas d'autres mots. Quelques soit les efforts de vos élus locaux, la solution est nationale et internationale. La loi peut rendre impossible que les patrons voyous saccagent le tissu industriel. La loi peut les punir. Dans la bataille que nous allons mener vont se confronter deux visions de la sortie de crise. Comme en Europe. Je ne viens pas faire semblant que je vais sortir de ma musette des emplois, des usines. Non, nous allons demander à chacun de répondre à cette question : le problème c'est les immigrés ou les banquiers ? C'est les immigrés qui ferment les usines ? Non. Si vous voulez vous interdire les licenciements boursiers, votez Mélenchon et Poly.
[...] La bataille face au Front National est indispensable. On me dit : vous en faites une fixation, une affaire personnelle. Mais c'est une affaire collective ! Le glissement de la droite vers l’extrême droite, je ne l'ai pas inventé. Quand on en attaque un on attaque l'autre. Et oui je viens mener bataille contre la droite, car je suis la gauche. Je mets au défi madame Le Pen. Mais avec des arguments, ayant un débat. Car nous misons sur l'intelligence et le cœur de chacun. Rue par rue, porte par porte, nous allons nous y mettre, dans toute la circonscription.
Et je demande aux socialistes de mettre de côté les batailles locales, les querelles, les tricheries aux élections... Il faut lancer une rénovation pour rassembler chaque conscience de gauche. Quiconque vote pour nous ne s'engage pour rien d'autre que pour l'Humain d'abord.
Je veux aussi vous dire que c'est une fierté, un orgueil pour moi d'avoir été votre candidat aux présidentielles. Et comme je suis fier aujourd’hui d'être le candidat des communistes du Pas de Calais. Nous ne sommes pas ici sur les terres de Madame Le Pen. Ici c'est la gauche, c'est le drapeau rouge, la résistance. »



Onzième circonscription du Pas-de-Calais : pronostics incertains
Implantée depuis 2007, Marine Le Pen bénéficie de l’état de délabrement du PS enferré dans les affaires et de la désespérance sociale (délocalisation). Elle a su tisser des réseaux avec l’activiste Steeve Briois et obtient des scores de plus en plus haut dans la circonscription et aux municipales d’Hénin-Beaumont (47,62% au second tour des municipales de 2009). Son score au premier tour des présidentielles de 2012 dans la onzième circonscription le confirme (31,%)
Bien qu’affirmant venir porter un « combat d’idées », Jean-Luc Mélenchon doit faire face aux critiques véhiculées par l’extrême-droite très reprises sur les réactions dans les articles des journaux (du monde au Figaro en passant par l’Humanité ou Libé) : il s’agirait d’un acte mégalomane, d’un parachutage, d’un acte qui montrerait la nature – forcément négative – du bonhomme ! Avec aussi le risque d’être enfermer dans un traitement spectacle médiatique…
Au-delà de la bataille pour renverser cette interprétation de sa candidature déjà bien installée, la difficulté de la candidature de Mélenchon est que le FN et Marine Le Pen sont en position de favori dans cette circonscription et en phase ascendante depuis 2007.
Si on ne peut que relever le panache de l’ancien candidat aux présidentielle, la bataille idéologique qui s’annonce risque d’être difficile. Sans doute que Mélenchon miniminise la victoire idéologique du FN à Hénin et ne mesure pas l’importance des réseaux de terrain, de sociabilité, montés par Briois, l’enfant du pays depuis quinze ans.
Briois ironise donc aujourd’hui : « Ils ne savent pas où ils mettent les pieds… »
On ne peut pas lui donner tort. Mais, cette bataille idéologique entre le Front de Gauche et le FN peut aussi conduire à dégonfler la « baudruche » de l’extrême droite dans le secteur en reprenant le travail de terrain militant conduit par le PCF et rendu visible par la présence de Mélenchon. En tous les cas, un pari risqué du FDG et de Mélenchon si la campagne d’idées ne parvient pas à percer le traitement médiatique qui sera celle d’une course de chevaux entre Le Pen et Mélenchon, entre deux styles, entre deux personnalités.

Jean-Luc Mélenchon va devoir faire face à une autre réalité de terrain, celle des réseaux socialistes.
Côté socialistes, le candidat Philippe Kemel devrait maintenir sa candidature et rien ne dit, si sa campagne ne fonctionne pas, que Mélenchon devancera Kemel.

Il ne faut pas oublier que malgré des élus tombés par les affaires, le PS local est très influent et possède la quasi-totalité des municipalités de la circonscription : Carvin (Philippe Kemel), Courrières (Christophe Pilch), LeForest (Christian Musial ) et Montigny-en-Gohelle (Bruno Yard) . Seuls Hénin-Beaumont (Eugène Binaisse, divers gauche) et Rouvroy (Jean Haza, PCF) ne sont pas socialistes.

Au PS, seule Marie-Noëlle Lienemann évoque une candidature commune autour de Mélenchon, elle qui avait été parachuté à Hénin-Beaumont en 2008-2009 pour faire face à la dérive affairiste du PS locale (Lienemann avait, avec le PCF local, voté contre le dernier budget de Dalongeville en 2008 et avait pris une part dans la dénonciation des affaires).
Outre la candidature Kemel (PS), la candidature écologiste (EELV et MEI) de Marine Tondelier devrait être maintenue d’autant plus que Tondelier est la seule à être née dans la circonscription (contrairement à Kemel et Mélenchon). Tondelier affirme aujourd’hui dans le Monde : « C'est un choix un peu risqué : Hénin-Beaumont connaît une situation locale vraiment spécifique. Entre le chômage, la désindustrialisation et les rumeurs incessantes de corruption sur le PS, la population en a ras-le-bol de se faire instrumentaliser »
Par contre, deux autres candidatures dans la mouvance de la gauche de la gauche et du communisme devrait ne pas être maintenues et soutenir Mélenchon : celle de Michèle Dessenne (M’PEP et PRCF) et celle de Pierre Rose (POC)
Enfin, bien qu’à la portion congrue, les droites ont leurs candidats : Anne-Sophie Taszarek (La Gauche Moderne soutenue par l’UMP), Jean Urbaniak (Modem) et Michel Vast (Debout la République).
Pour rappel, lors du premier tour des présidentielles de 2012, voici les scores obtenus dans la onzième circonscription : Marine Le Pen 31,42%, François Hollande 28,75%, Nicolas Sarkozy 15,79%, Jean-Luc Mélenchon 14,85%, François Bayrou 4,55%, Nicolas Dupont-Aignan 1,34%, Philippe Poutou 1,16%, Eva Joly 1,05%, Nathalie Arthaud 0,84%, Jacques Cheminade 0,24%.
Des résultats très favorables au bloc des gauches (46,65%) malgré le poids de l’extrême droite, ce que confirme le second tour où Hollande a frôlé la barre des 60% contre Sarkozy... Si il n'y avait pas la réalité locale... Celle de la présence de Marine Le Pen...